Consigne : rédigez un texte à propos de l’argent comme vous le feriez de votre compagnon ou compagne de vie… Une tentative, peut-être, de vous réconcilier avec lui ?
Je n’en peux plus de ma relation avec A. Il me fatigue, il me contrarie, il m’épuise, il me déprime… Il n’est jamais là ! Et pourtant, j’aimerais tant faire plein de choses avec lui : des voyages, des sorties, des projets immobiliers, des fêtes, aider des proches… Vivre, quoi ! Pourquoi ne m’aime-t-il pas ? Pourquoi me fuit-il ?
Cette relation de plus de 30 ans me pèse, m’inquiète, me donne des cheveux blancs, et pourtant, je n’ai pas envie de quitter A… Je ne dirais pas que je l’aime, mais j’ai besoin de lui. Sans être dépendante pour autant : il est si souvent absent… Si sa présence m’était indispensable pour vivre au quotidien, il y a longtemps que je serais morte. Mais il me manque, j’aimerais tellement pouvoir vivre une fois dans ma vie un peu de paix, d’espoir, de sérénité, de confiance, pouvoir me projeter dans l’avenir, être dans la joie… Sur une durée conséquente, et pas seulement pendant de brefs instants.
Peut-être un psychothérapeute de couple pourrait-il nous aider ? Mais pour cela, encore faudrait-il qu’il accepte d’être un peu présent et de m’accompagner aux séances…
J’ai l’impression d’être dans une impasse, un cercle vicieux : je ne peux pas totalement et complètement me passer de A, donc je n’envisage pas de me séparer de lui et, dans le même temps, je n’arrive pas à construire avec lui une relation saine, heureuse, complice, équilibrée… La seule solution que j’entrevois requiert sa présence utopique. Le manque de lui pompe mon énergie, ce qui fait que je n’arrive à imaginer aucune autre solution… Help ! Quelqu’un pourrait-il m’aider ? Je veux sortir de cette situation impossible et invivable, ce qui fait que parfois, je me dis que la mort est la seule porte de sortie : enfin le repos, l’oubli, l’inconscience, la détente… Pour l’éternité.
FF
Quand t’ai-je rencontré, mon capricieux ami ? Vraiment rencontré, devrais-je dire. Très tôt, j’ai soupçonné ton importance ; grâce à toi, les portes du plaisir s’ouvraient en grand : bonbons et joujoux, en veux-tu en voilà ! Pour autant je ne t’avais pas pleinement compris, tu restais pour moi un mystère. Comme par magie, tu sortais des murs, et tu semblais pouvoir procurer un pouvoir illimité à quiconque te détenait.
Et puis j’ai appris à compter, il m’a fallu t’apprivoiser, me confronter à la réalité. Sous forme d’argent de poche, tu ne t’es plus donné qu’avec parcimonie. Je me sentais frustré, obligé que j’étais désormais de choisir, de freiner mes désirs…
Mais le pire était encore à venir. Le temps est arrivé où il m’a fallu travailler pour te gagner, te garder, que tu acceptes de me rester fidèle. Tu t’es fait salaire, je me suis senti sali de devoir, pour les amadouer et qu’ils acceptent de te laisser encore éclairer ma vie, me vendre à ceux qui avaient les moyens de t’éloigner de moi. Aujourd’hui, j’ai vieilli et je n’ai plus aucune envie, si ce n’est te sentir contre moi, rechercher ta protection. Ton illusoire protection, car je sais que tu ne parviendras jamais à empêcher la mort de me ravir à ton amour.
PF